Des Gabonais-e-s à la salle Poirel

J’ai tellement de photos en stock à foutre ici que là j’attends que l’explorateur Windows termine son bordel pour me mettre tout ça d’équerre. Après je choisirai le thème sur une base de scrolling hasardeux. Autant te dire que là tout de suite j’ai même pas la moindre idée du titre. Ah bah ça y est. Ah tiens dis. Le Chant sur la Lowé. D’accord. Bon je fais le titre.

A Nancy entre autres trucs très chouettes y’a le festival international de chant choral. Moi au début le chant choral hein… en tant que sale mauviette punk qui s’assume même pas comme punk, bah tu vois, j’étais pas spécialement dans le délire.

Et puis un jour, une mienne camarade que je salue ici me dit: Viens! Alors moi tu sais, Nomeny une ni deux je me pointe. Et voilà pas que sa formation à elle, les Hurteloups de Loisy, grâce leur soit rendue, accueille dans le cadre du festival une chorale d’ailleurs. Eh ouais. Pendant une semaine. Pis t’sais faut un photographe.

Alors moi j’dis: un photographe d’accord mais euh…

C’est ma meilleure réplique.

Et là tu te dis: Le Chant sur la Lowé! C’est eux qu’ils ont accueilli! Cet ensemble choral gabonais! Je ne peux plus attendre de lire la suite du récit et tous les beaux échanges humains qui

Non mais en fait c’est pas eux qu’ils ont reçu. C’est le Novosadski Kamerni Hor, le Chœur de Chambre de Novi Sad. Alors ouais les échanges machin tout ça. Mais définitivement, les gens de Novi Sad ne sont pas Gabonais, et les gens de Libreville ne sont pas Serbes. Définitivement. Alors quoi.

Alors toutes ces chorales, groupes, ensembles, meutes, tu peux appeler ça comme tu veux, ils ont chanté salle Poirel. Oui, salle Poirel, la salle à l’acoustique aussi exceptionnelle que sa déco. La salle Poirel, comment dire… c’est un peu comme si tu faisais un strike mais euh… de salle de spectacle. Je veux dire c’est le max.

La salle Poirel, tu penses des trucs dans ta tête, tout le monde l’entend: l’acoustique est une pure merveille. J’insiste. Alors reprenons mon nombril là où je l’ai laissé. Ah ouais. Dis, hé, j’étais photographe genre avec un truc autour du cou pis un machin avec des trucs marqués dessus comme quoi j’étais le photographe, je reste sérieux dans mes affaires. Grâce soit rendue aux Hurteloups hein. Une fois encore.

C’est comme ça que je me suis retrouvé salle Poirel à faire des photos. On aura l’occasion de reparler de cette semaine magique. J’en garde un souvenir brillant. Exceptionnel. Le chant choral je me trompais. Et avec des gens comme le Chant sur la Lowé, qu’on voit dans ce billet, j’ai appris à quel point c’est émouvant, jusqu’à s’en retrouver l’œil marécageux, quand les gens chantent ensemble.

Après je suis un peu con. Je le savais déjà. Quand tes poils se hérissent depuis le lycée à l’écoute de La Nuit de Walpurgis ou de la cantate «O haupt voll blut und wunden» de Mendelssohn, du Deutsches Requiem de Brahms ou de la Création de Haydn, tu le sais en fait. Les gens qui chantent ensemble, ça peut pétrifier sur place. Certains de ces chœurs font le même effet qu’un orchestre symphonique, dès la première note. Et même avec une certaine habitude de la chose: la chair de poule, une émotion à en chialer. Et les questions. Comment une espèce comme la nôtre peut faire cohabiter dans ses réalisations l’orchestre symphonique, l’ensemble choral, et d’autre part la guerre ou le viol? Par exemple… C’est à n’y rien comprendre. Mon cerveau ne peut pas accepter qu’il s’agisse de la même espèce. Tant de génie et de beauté et tant de méprisable cruauté. C’est bizarre. C’est vraiment bizarre. Je sais que ça n’existe pas en vrai, mais je ne peux m’empêcher de croire que si on joue Puccini sur un champ de bataille, eh bah la guerre s’arrête tout de suite.

En attendant le Chant sur la Lowé, c’était beau, ça l’est toujours. De chouettes personnes, de chouettes moments, je m’en souviendrai toute ma vie sauf vers la fin à cause d’Alzheimer.

Un autre coup je te causerai des Serbes du Novosadski Kamerni Hor, c’était très valable hein. Très. Et peut-être d’autres chœurs découverts cette fameuse semaine comme les Biélorusses du Salutaris Chamber Choir. Et définitivement merci aux Hurteloups de Loisy et à la mienne camarade pour m’avoir proposé de les suivre sur cette semaine. Ce fut un régal très fondateur pour moi.

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