Nancy mais de loin

[Prise de vue du 10 octobre 2010 | Photos brutes | Sony Alpha 100]

J’adore Nancy, hein, mais de loin. C’est comme les enfants. C’est super hein. Mais de loin. Après tu vas me dire ouais mais t’as des enfants alors quoi? Alors c’est mes enfants je les connais c’est pas pareil. Bah les villes c’est pareil. Quand je connais pas… bon Nancy je connais. Alors quoi? Alors ce que je raconte ne se tient absolument pas.


Après viens pas me dire que t’as pas l’habitude.


Nancy en vrai c’est pas si loin. Depuis la VEBE, la Voie Express Banlieue Est, le viaduc Louis Marin, quel que soit le nom qu’on lui donne. Y’a une quinzaine d’années j’habitais pas loin, et j’y trainais régulièrement. Aujourd’hui encore j’y passe volontiers à pinces, et c’est encore plus bien avec la piste cyclable qui permet de se tenir du côté où qu’on pouvait pas se tenir avant ou alors au risque de se prendre en travers de la gueule une camionnette de livraison jaune et blanche avec des protections de sièges en billes en bois. Ou n’importe quel autre véhicule, hein.

Donc quelques vues datant de 2010, l’époque où Nicolas Sarkozy était déjà un gros délinquant et une petite frappe, tout le monde le savait, mais c’était pas officiel.

A Villey-le-Sec, tant que dure le fort, tant que moutonne la forêt, tant que se causent les humains

[Prises de vue du 2 octobre 2023 / Fuji X100F / Photo brutes]

Villey-le-Sec, j’y ai passé des tas de moments à la fin des années 90 et au début des années 2000. Au fort. Avec un petit groupe de copains qui s’est étoffé au fur et à mesure, on été là les week-ends, notre vie de bénévoles, pour travailler, défricher, mettre en valeur, faire visiter le fort de Villey-le-Sec. Peu de moyens, beaucoup de motivation. Par la suite, l’association a grandi, l’argent des subventions est arrivé, les enjeux ont changé. On s’est moins demandé ce qu’on allait mettre au barbecue pour le midi et on s’est plus inquiété de remplir des dossiers et de travailler son entregents. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, ça profite au patrimoine, et le site a remarquablement évolué depuis. Mais en tous cas ce n’était plus mon truc à moi.

Et puis la notion même de fortification, ce sont des choses qui m’ont toujours parlé, qui m’ont toujours fasciné, qui m’ont toujours rassuré, en un sens. Peut-être comme une sorte de cabane inexpugnable, comme une chambre d’ado, la plus imprenable des forteresses.

Pendant ces années au fort, j’ai appris pas mal de choses, j’ai lié de solides amitiés. J’ai appris une chose essentielle: on peut être ami avec des gens différents, par leurs opinions (je peux te dire que dans le milieu de la «fortif» les gros gauchistes dans mon genre ça court pas les remparts), par leur âge, par leur métier… J’ai traîné avec des agriculteurs, des chasseurs, des ouvriers, des militaires à la retraite ou non. Tout des gens que je n’aurais sûrement pas rencontrés autrement. J’aurais été dans un petit milieu de gens tous pareils que moi et ça aurait été de la merde sans même que je m’en rende compte. J’ai appris qu’on peut parler avec des retraités réacs, être amis, se serrer les coudes alors même que nous sommes des ennemis politiques. Parce que l’idée de s’occuper de notre fort, c’était pas de la politique, c’était l’histoire d’une bande de gens qui s’aiment bien, avant tout.

J’ai appris en ce lieu qu’on pouvait se parler, parfois se prendre la tête: peu importe, on pouvait voir et entendre autre chose que ce qui nous conforte et nous confirme, sans nécessairement varier dans ses convictions: l’humain était finalement la porte d’entrée, et non pas ce qu’il pensait, son camp ou je ne sais quoi d’autre. On peut partager des valeurs quotidiennes de travail et d’entraide, de respect, et être chacun à un bout de l’échiquier, pourtant.

Là, aussi, j’ai appris à aimer une vallée, une rivière, une forêt, et au loin Toul et la ligne sombre des Hauts de Meuse. Mon affection profonde pour ce coin de Lorraine est importante pour moi.

Sûrement que j’idéalise un peu: on s’en fout, l’important c’est ce que j’en retire ici et maintenant.

Il existe aujourd’hui, comme à l’époque, des tonnes de lieux comme ça et c’est rassurant: mais le contexte a changé. Trop souvent les tensions entre les gens sont tellement exacerbées qu’on ne s’écoute pas, on ne s’entend pas, on ne se comprend pas et on ne veut plus se comprendre, on ne veut plus rien vivre ensemble. Alors plus personne n’a le sentiment d’être considéré. Les frustrations s’accumulent et on sait qui récolte les fruits de la frustration: les vautours à la flamme tricolore font des cercles au-dessus de nos têtes, ils attendent le bon moment pour fondre sur le cadavre encore chaud de l’humanisme simple et spontané qui nous lie pourtant inévitablement les un-e-s aux autres. Et les bons maîtres des marchés s’en accommodent très bien.

Vas-y je suis chiant moi ce matin.

Bref, j’aime bien aller à Villey-le-Sec faire le tour du village donc le tour du fort, une douce nostalgie pointe son nez, ça fait du bien, et j’ai une pensée pour tous ces gens de tous âges que j’ai côtoyés ici, et qui m’ont donné à voir, que je n’étais pas seul au monde et que je ne détenais pas plus de vérité ou de vertu qu’eux.

Car comme écrivait Lindingre un jour et comme j’aime à l’écrire à mon tour à toutes les sauces, j’ai beau avoir des convictions profondes, qui ne m’ont jamais quitté et qui j’espère ne me quitteront jamais, c’est bien beau mais une fois qu’on a dit ça, il reste que : «oui, mais il y a les gens».

Et jamais mes convictions, qui me tiennent, me donnent de l’espoir, me structurent, ne devront passer avant les gens.

C’est non négociable.

Ma devise sera toujours: «Oui, mais il y a les gens».

Ou «Peut-être si on fait rien, il se passera rien?», comme disait M. Poulpe dans le rôle du soldat Da Silva.

Je sais pas.

Bon, allez, ta gueule, les photos.

Le Froidmont y’a longtemps [Bouxières-sous-Froidmont]

Là par exemple je commence à écrire, mais j’ai pas de titre et j’ai pas encore la moindre idée des photos que je vais mettre. C’est un super concept et… et ouais. Ça va vite trouver ses limites en fait. Je vais faire un tour dans mes fichiers et choisir des photos et je reviens.



A y est.

[Prises de vue du 21 février 2007 / Canon PowerShot A70 / Photos brutes]

Alors aujourd’hui on va évoquer le Froidmont. Le Froidmont c’est une colline pas très chaude qui… non. Non ça va pas. On reprend.

Le Froidmont c’est une colline comme l’ensemble du relief du Grand Couronné dit de Nancy nous en procure des tas. Techniquement on est même au-dessus de la vallée de la Moselle. Ces collines, souvent, ce sont des raidillons bien coupe-pattes, à mi-hauteur desquels les marnes bloquent l’eau qui s’écoule depuis les calcaires des étages supérieurs et ça fait des sources, merci les marnes, en plus elles font ça bénévolement. Parfois des villages s’installent comme ça au niveau des sources, comme Eulmont, Landremont et autres Machinmont. Parfois non. Et la colline, en fait elle est pas pointue sauf celles qui font leurs malignes comme le Pain de Sucre ou le mont Toulon. Mais en général, au sommet, la colline s’étire en une longue crête souvent forestière comme la Grande Côte au-dessus d’Autreville-sur-Moselle, voire elle te claque carrément un plateau, comme à Malzéville, le plateau star, mais aussi comme au Froidmont.

Voici une série de photos prises sur et depuis le Froidmont qui offre des vues stylées, tellement stylées que l’artillerie allemande, toujours en pointe de la hype, s’y était installée pendant la Première Guerre Mondiale, produisant des ouvrages et des abris, toute blague à part, d’une remarquable qualité.

Les photos, elles, ne sont par contre pas de première qualité: elles ont été faites en 2007 avec mon premier appareil numérique, un Canon A70, petit compact un peu limité, mais robuste et fidèle compagnon pendant quelques années. Je les mets dans ce billet, ces photos, parce que j’aime bien leur ambiance et que c’était ma première rencontre avec ce Froidmont que j’aime. Et la qualité ne remplace pas la beauté, et la beauté se voit avec le cœur, pas avec les…

*bruit de peloton d’exécution*

Nancy, soir de saint Nicolas

[Prises de vue du 3 décembre 2022 / Photos brutes avec du recadrage pour préserver la dignité / Fuji X100F]

Aahahah. La saint Nicolas. A Nancy. Moi je suis comme tout le monde qui vient des environs et qui a un cerveau, je laisse ma voiture en banlieue, je prends le tram. Bon c’était à l’époque que les moins de deux ans ne peuvent pas connaître car ces temps-ci le tram a été remplacé par des travaux, et les travaux c’est décidément pas des bons modes de transports en commun. Mais les travaux devraient à terme être remplacés par des bus qu’on nous promet encore plus cools que les trams. Qui vivra verra.
En tous cas ce soir de décembre, j’ai déboulé du tram avec des gens pour aller assister au défilé de la saint Nicolas. Alors bon moi les saints hein, on est d’accord, c’est pas mon truc, c’est des gonzes qui ont trouvé comment faire le buzz avant même l’invention de la télé, je leur accorde pas beaucoup plus d’importance qu’à Loana et Jean-Édouard (je n’ai pas rallumé la télé depuis ce sinistre épisode). Ceci posé, je reste un grand fan du Nico. Le Nico de mon enfance, certes, le Nico de ma région, oui, mais surtout le Nico de quand je bossais à Saint-Nicolas-de-Port où j’arrivais en bus juste à l’ouverture de la basilique. Et comme je l’ai toujours trouvée magnifique j’allais toujours y faire un tour, tous les jours, en attendant que ce soit l’heure du boulot. Et j’ai pris l’habitude de causer avec le Nico débonnaire à gauche du transept. Les autres Nico avaient des tronches de mecs sérieux, ça m’allait pas. Bon je lui marmonnait à peu près autant de conneries que j’en écris ici, mais on a fait connaissance et on a bien rigolé dans l’ensemble de mes vannes foireuses et il a été à l’écoute quand je lui ai confié quelques peines et quelques théories qui agitent mon cerveau (par exemple relier le cul des vaches à Mars avec des tuyaux pour y envoyer massivement du méthane qui serait source d’énergie permettrait-il de coloniser Mars et de relancer la sidérurgie lorraine? Car en effet, si on veut pas que les tuyaux se mélangent faudrait des usines à perte de vue pour réaliser un serre-joint géant pour bloquer la rotation de la Terre… je vous passe les nombreuses implications de tout ça). Bref, on est devenus intimes avec le Nico, et j’aime à la saluer dans ses demeures, de la Lorraine au Tréport.

C’est pour ça, pour tout ça que j’aime ce défilé, et ça n’a aucun rapport avec la présence d’enfants dans ma maison et de camarades qui reviennent tous les ans de région parisienne se faire ébouriffer la face par le défilé et ses à-cotés.

Alors j’ai fait mes photos en noir et blanc. C’est une fête colorée. Bon. Pourquoi? Je sais pas vraiment. J’aime bien faire du noir et blanc avec le Fuji. Et c’est rigolo de faire pas de couleur quand le sujet c’est la couleur. Pour faire le malin? J’aurais pu être tenté de profiter du fait que vous n’y connaissez rien et que vous êtes une foule ignare qui m’admire sans discernement pour claquer des tas de photos en noir et blanc complètement floues pour faire l’artiste là comme ça et tout avec des poses genre les mains en cœur, comme si j’étais le DJ de vos vies et que y’avait vraiment trop de love ce soir à Ibiza je vous aime de ouf. Mais non. Je ne les mets pas parce que à tous les coups un-e rabat-joie qui sait faire des photos correctes va commenter: ah ragneugneu c’est juste des photos ratées.

Et ça ne serait pas faux.

Alors je fais un vague effort de sélection et je vous mets les moins pires, du moins celles que j’aime bien. Pour sauver mon statut légendaire.

Et que la magie de Noël vous… ah non merde.

Autour de Thermal [Nancy]

[Prises de vue du 15 juillet 2024 / Fuji X100F / Photo brutes à part du recadrage un peu en scred]

Eh mais mec-euf, j’ai rien foutu depuis avril. Mais alors genre que dalle. Je me suis endormi sur mon clavier après le dernier billet, et pouf voilà je me réveille. Une sacrée sieste. Bon, toujours le même merdier avec Macron et Attal, hein.

Quoi? Le RN a gagné les Européennes?

Quoi? Macron a dissous l’Assemblé?

Quoi? La gauche s’est unie et a gagné les législatives?

Mais alors tout a changé?

Non? C’est toujours le merdier avec Macron et Attal?

Je comprends rien. Je vais me recoucher.

Ah non raté, j’ai été marcher à la place entre midi dans le quartier de Nancy Thermal, près de mon lycée et de mon parc et de mon banc. Je suis vraiment tête en l’air.