Les Sablières de la Meurthe [Rosières-aux-Salines]

[Prises de vues du 1er mai 2009 | Sony Alpha 100 | photos brutes remises d’aplomb quand même]

Pourquoi le 1er mai 2009 je me suis retrouvé sur un chemin longeant les Sablières de la Meurthe à Rosières-aux-Salines? Tu veux pas savoir?

Bon c’était pas vraiment une question, en vrai: je te raconte.

Alors c’était le 1er mai et je suis parti tôt le matin du Faubourg des III Maisons à Nancy pour rejoindre les copains à Rosières-aux-Salines. A pied. Pourquoi à pied? Mais pourquoi pas, je te ferais dire, mon p’tit pote. Ma mission était claire: trouver du beurre. Je sais plus pour faire quoi mais je devais trouver du beurre en route.

On notera que conséquemment j’ai pas été au défilé. Mais à l’époque c’était Bernard Thibault; les vieux avec la coupe de Mireille Mathieu pardon mais ça avait quand même moins de gueule que Sophie Binet. « Ne laissons pas les affaires du monde aux seules mains du monde des affaires », lança Bernard Thibault à l’adresse de Nicolas Sarkozy. Wouh. Il a pas du dormir tranquille le petit escroc.

Bref, Sophie Binet présidente!

MAIS BON ON S’EN FOUT JE DEVAIS TROUVER DU BEURRE DE TOUTE FAÇON J’AVAIS UNE MISSION JE POUVAIS PAS LUTTER AVEC LES CAMARADES Y’EN A QUI BOSSENT MERDE.

Eh bah j’vais t’dire, zobi. Que dalle. Pas de beurre. On aurait cru la Grande Armée qui rentre dans Moscou avec la dalle et qui réalise soudain QU’IL N’Y A PLUS DE BEURRE A MOSCOU.

La lose. Tout était fermé, pas un magasin ouvert. Tout comme Moscou je te dis. Bon moi j’ai pas foutu le feu, mais c’était pas loin.

Un 1er mai tout le monde était au défilé j’imagine, bravant Bernard Thibault et sa coupe, les prolétaires étaient des milliards à se retrouver, faisant fi de leurs différences professionnelles, ethniques, de genre, religieuses, capillaires, enfin réuni-e-s pour défendre ensemble leurs intérêts de classe contre le patronat, contre les puissants, contre le capital.

Alors mon beurre, hein…

Pire, je me suis paumé en arrivant sur Rosières, j’ai tracé tout droit comme un con avant d’entrer en collision avec les sablières et de faire quelques photos en passant. Collision qui me fit comprendre mon erreur et m’évita de m’abîmer vers le sud à Vigneulles ou à Charmois, bleds improbables où mes ascendants directs grattaient la terre avec les ongles de leurs enfants pestiférés à la fin du XVIIIe siècle.

Un demi-tour plus tard je me suis enfin retrouvé, tanné mais content, chez le copain de Rosières avec toute la bande. On me mit en main une Pelforth brune achetée chez Sanchez à l’époque, aujourd’hui le Fournil du Ban-Ban, boulangerie sise dans les locaux de l’épicerie de mon arrière-grand-mère. Ouais je suis tentaculaire, j’ai toujours un aïeul pas loin dans le coin. Si tu vas aux chiottes, attention de pas faire caca sur mes ancêtres.

On regretta ensuite de pas avoir de beurre parce qu’on pouvait pas faire je sais plus quoi.

M’en fous, j’avais des photos des sablières. Il pouvait rien m’arriver.