[Photos brutes / Fuji X100F / juin 2023]
Ne viens pas me demander pour quoi «la dévolution». D’abord parce que je suis pas super sûr du sens donc je suis pas le meilleur interlocuteur. Ensuite parce que n’étant pas sûr du sens, je l’ai juste foutu là parce que ça faisait bien et que je trouvais rien à mettre. «Fer à repasser» ou «tapotage», ça aurait fait con. «Dévolution», c’est tout de suite plus classe. Au moins je passe pas pour un con.

En juin je craignais vraiment pour l’été à venir. J’avais raison, à l’échelle mondiale, c’est la merde, comme chante POESIE ZERO. Nous, ça va en fait. Si on oublie que le régime de protection de la forêt de Haye est régulièrement attaqué et que les nappes phréatiques sont en galère depuis plusieurs années, bah il fait frais pour la saison et c’est super chouette. Mais en juin je savais pas. En juin, comme l’année dernière, j’avais peur de voir la forêt cramer comme une merguez oubliée sur la grille du barbecue par ce con de Timéo qui a bu trop de Triple Karmeliet hors de prix à l’apéro on n’aurait pas du le laisser s’occuper de cuire les cadavres de bêtes ni d’acheter les bières d’ailleurs.

Alors j’ai été patrouiller, car je suis un patrouilleur de la forêt, je me promène dedans et je surveille si tout va bien. Nan je déconne, j’y vais avec ma voiture pour bien ajouter du CO2 au CO2 et je marche une heure et après je rentre parce que j’ai faim et j’ai peur. Pour avoir moins peur, je me suis pointé sur le parc de Haye, histoire de bien me taper l’anthropisation qui rassure. En plus c’est un ancien camp militaire américain, fermé en 1969, alors c’est vraiment la sécurité, les militaires ça fait pas peur, c’est apaisant. Tout le monde sait ça. Les militaires c’est déjà autre chose que ces conneries de yoga. En plus le yoga ça fait mal. Alors que caresser un militaire c’est sympa comme tout, les cheveux rasés c’est tout doux on croirait pas comme ça, c’est comme le duvet d’un poussin.

On est ici sur la commune de Velaine-en-Haye, qui après sa fusion avec Sexey-aux-Bois est devenue Bois-de-Haye. Les changements de noms ça me perturbe toujours, mais là ça va c’est pas dégueulasse, ça a du sens. On s’en tire bien. Parce que ça dégénère vite ces conneries là, comme sur la route d’Épinal: renommer sa commune en «Capavenir Vosges», faut vraiment pas être le couteau le plus affûté du tiroir. Le gars il a cru que c’était un cabinet de conseil sa ville. Ce qui est super dangereux parce que si ça devient un cabinet de conseil à un moment va falloir y foutre le feu. Donc, le retour à Thaon-les-Vosges est salutaire. Maintenant on a juste envie de pas y aller, ce qui est quand même plus cool pour les indigènes qu’un incendie.

Euh… j’en étais où moi? Ah ouais. La Patrouille. Mon projet d’aller voir comment va la forêt est rapidement devenu une errance satisfaite dans les recoins du parc ex-camp militaire. Les militaires ils ont construit plein de super hangars glauques et moi j’aime bien ça. C’est ambiance Stalker un peu, je frétille de l’objectif. En plus, l’utilisation des anciennes structures par des entreprises diverses, des structures ludiques et toutes ces sortes de choses, ça donne lieu à un niveau de mamaillage fort sympathique et un peu crado. Tout ce que j’aime.

Y’a des endroits les trucs sont juste pétés et on se retrouve avec des grandes zones qui servent de parkings vides. C’est dommage, on aurait pu y garer des tas de SUV bien alignés, ce qui faciliterait le caillassage. Juste les pavasses c’est un peu trop gros comme le montre la photo, faudrait les larguer sur les Cayenne avec des grues, tout de suite c’est des frais et de l’orga et c’est fatigant. Faudrait juste revoir ça mais sinon c’est pas mal.

Vers le fond du parc, côté est, après le poney club (c’est un club avec des poneys qui fument des cigares en réfléchissant sur le monde avant de rentrer chez eux acheter des actions pour peser sur le marché du crottin), tu arrives vite vers la fin du monde. Y’a pas d’issue, sauf si t’as une autorisation, pouf y’a une issue qui apparaît. Bon si on s’en tient au panneau le message reste pas clair.

Alors tu passes le poney club on a dit. Voilà. Mes photos elles veulent pas suivre la chronologie de mon récit, elles commencent à saouler.

Et en fait, d’un coup c’est le bout du parc. Les gars comme c’est en limite avec la commune de Champigneulles dont on parlait la dernière fois, ils ont foutu des barbelés, faudrait pas que des Champigneullais-e-s viennent se faufiler la nuit pour contaminer le patrimoine génétique des Bois-de-Hayois-e-s. Et puis c’est aussi la route forestière de Frouard qui borde la parcelle, et comme on le disait précédemment, personne ne veut aller à Frouard. Je suis un peu déçu, le passé militaire du lieu aurait nécessité quelques nids de mitrailleuses, plus pour faire joli qu’autre chose. Mais bon, chacun ses goûts hein.

J’ai un peu suivi le chemin en parallèle de cette barrière inexpugnable. On s’y sent un peu plus dans la forêt et quand même c’est pour ça que je venais avant de me laisser distraire par la friche militaire sexy.

Mais là, très très grosse désillusion: la barrière inexpugnable elle est super pas inexpugnable. En deux enjambées, me voilà à Champigneulles sur la route du Mordor Frouardais. Le flip total. J’ai peur d’être hypnotisé machin nanani et de finir dans la ville honnie même si y’a des bons restos faut pas croire.

Par chance, à moins que ce ne fut du talent, je parvins à rebrousser chemin et mes poils vers le parc de Haye. Pour retrouver mon Jolly Jumpy et croiser les gens de retour de rendez-vous galants pendant la pause de midi. Pour ma part, j’avais eu rendez-vous avec la terreur et pourtant, jamais je n’ai et… ah putain, encore un billet que je sais pas comment finir.
Bon la prochaine fois on parlera de civet et de lampes de chevet*.
*proposition non-contractuelle







