Nancy, ville mouillée

[Prises de vue du 24 février 2011 | Sony Alpha 100 | Photos pas brutes]

Enfin ça mouille surtout quand il pleut. J’aime bien les ambiances de la ville le soir avec ses rues tristes et brillantes, comme si tous les immeubles fondaient et s’écoulaient dans les égouts. On imagine le lendemain matin un vaste marécage, une friche, froide, grise, plus rien. L’eau a tout emporté, lentement, elle a érodé la ville. Quelque chose entre Blues Trottoir et Midnight City, Stalker et Cloudpunk, Nestor Burma et Drive.

Ce jour-là, j’ai une peu poussé mon Sony Alpha 100 dans ses retranchements. C’était un super petit boîtier, je l’aimais beaucoup. C’était en 2011, et je me demande bien ce que je foutais dans la rue à cette heure. Peut-être que je sortais de l’hôpital et que j’avais besoin de diluer le souvenir encore tout frais de la souffrance au long cours de ma mère dans cette pluie de février. Peut-être que je revenais de mon stage à Vandœuvre en traînant un peu. J’habitais rue Vayringe et je faisais tous mes trajets à pied. Peut-être que je revenais de chez un copain, j’en ai quelques-uns vers la Commanderie et Médreville. Je ne revenais sûrement pas d’une soirée étudiante; si j’ai repris mes études tardivement, ni à vingt ans ni à trente je n’ai été attiré par ces moments. J’en ai fait deux trois tout de même. J’ai rigolé grâce à l’alcool, sans pour autant passer des bons moments.

Définitivement, marcher seul sous la pluie à la nuit tombée reste une meilleure idée.

Nancy ça vaaaaaaa!

[Prises de vue 22 avril 2024 / Fuji X100F / Photos brutes]

Ouais Nancy ça va on s’en sort bien. Autant Nancy peut être une ville riante, belle, dynamique, joyeuse, avec plein de parcs très jolis, de lieux de culture intéressants, d’événements sympas et (plus ou moins) populaires, exceptionnels même, de bâtiments magnifiques du XIVe siècle à nos jours, avec des balades urbaines très chouettes et des banlieues perchées qui ouvrent des vues splendides et attachantes allant jusqu’aux Vosges… autant on ne peut pas réduire Nancy à ça. Ce serait injuste.

Car Nancy c’est aussi, fort heureusement, une ville plombante, grise, minérale, déprimante, triste, moche, glauque, pleine de solitude, de précarité, de choix architecturaux discutables (non je ne pensais pas à la cathédrale mais c’est pas bête du tout), c’est petit sans qu’on puisse en voir le bout, c’est vide et cafardeux. Bref, une ville dont la tristesse nous épargne la gaieté.

On a eu chaud.

Petite série au sortir d’un hiver laborieux qui se prolonge avec toute ma tendre affection. Le printemps attendra, de toute façon j’ai pas trop envie de voir sa gueule à lui. Le plus tard sera le mieux.
NDLR. L’auteur est égocentrique et ne possède pas d’arbres fruitiers.