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  • Rendre Gorze

    [Fuji X100T/photos brutes]

    Ça faisait bien pour le titre. Rendre Gorze. Genre: «Charles, baltringue de mes deux, je vais te faire rendre gorge, espèce de bouffeur de moutarde de merde» (René II ivre mort, au comptoir du «Duc Till», taverne suisse tenue par un mec de Blénod-lès-Pont-à-Mousson)(tu suis?)(oui je sais c’est un peu Cavallier)(ahah je m’amuse bien). Bref, rendre gorge, rendre Gorze. Tu l’as? Ça aurait été mieux si le Téméraire aka Mr T. avait tenu Gorze et que la bataille de Nancy fût la bataille de Gorze. La blague aurait été encore plus cool. Si tant est qu’elle le soit. Notez aussi que la citation de René II est power apocryphe. Pour si y’a un doute.

    BON OH HÉ. REVENONS AU SUJET. GORZE. On n’est pas sur Sud Radio ici, on a de la rigueur et on sait de quoi on parle. Bon dieu.

    L’autre jour donc j’étais avec des gens pas mal chouettes et on a été à Gorze. Pourquoi? Parce qu’on a déjà été au Rudemont ou aux carrières de Lorry, par exemple, donc bon. Faut varier dans la vie quand tu veux te cantonner à la vallée de la Moselle entre Pont-à-Mousson et Metz.

    Gorze j’y avais déjà été, mais sans m’attarder, vite fait, un peu comme quand j’avais été à Longwy y’a quelques billets. Là, on avait guetté une balade qui faisait le tour de la bourgade par les hauteurs. Parce que Gorze est au fond du fond du vallon de la Gorzia, affluent de la Moselle, et ainsi ceinturée de hauteurs forestières très présentes dans le paysage. Gorze, assiégée de végétation.

    Cette histoire de siège me ramène au siège de Nancy. Selon les sources, souvent pas fiables, quand le Téméraire a mis le siège devant la capitale ducale, il aurait envoyé une missive à René II pour que ce dernier fasse rendre la ville. Missive à laquelle René II aurait répondu: «Quoicoubeh!». Le Téméraire, de presque vingt ans l’aîné de René, à vrai dire un vrai gros boomer, en serait resté coi. Coicoubeh. Ahah. Pardon. En passant, si quoicoubeh avait existé au XVIIe, je pense que Charles IV, le premier des punks, en aurait abusé auprès de ses divers interlocuteurs. Bon, bref. GORZE.

    Gorze, c’est beaucoup de vieilles pierres. C’est un peu idiot d’ailleurs cette expression, vieille pierre. Mais Gorze c’est ça. Comme un petit Toul, avec du patrimoine fameux ou modeste dans tous les coins, un peu à l’abandon, un peu entretenu. C’est ce qui fait que j’aime ces villes, elles sont un peu floues. Toul a fait de gros efforts de mise en valeur, et c’est sûrement une bonne chose, mais elle est devenue aussi moins floue. Bon. C’est comme ça. J’aime bien quand on ne sait pas trop où on met les pieds. Quand les institutions touristiques s’en mêlent, on sait TOUJOURS où on met les pieds. Le confort du visiteur avant tout. Les surprises deviennent un programme de visite.

    Gorze est spéciale aussi car elle est écrasée par l’hôpital. Comme un mur qui dit que la ville s’arrête. Oui, là. On est devant le palais abbatial, on passe son porche poussiéreux et l’hôpital s’interpose alors. Décalé. Différent. La fête est finie. Au-delà sont les limbes. En vrai des routes escaladent le vallon et on peut remonter sur le plateau. Gorze, malgré les efforts de mon imagination, ce n’est pas le bord du monde. M’enfin il doit quand même pas être bien loin.

    Gorze est un coin étrange. C’est mal foutu. Ou bizarrement. Et c’est chouette. C’est un village pensé comme une petite ville, une petite ville inquiète. Tout autour d’elle, les statues, les chapelles, les croix sont comme une barrière spirituelle hétéroclite. C’est quoi le problème? Il faut dire que j’ai été préparé en amont.

    Je me suis pas encore douché, mais je vais mettre les pieds dans le plat. Je ne suis pas croyant, et on ne m’a jamais convaincu à propos du paranormal, des esprits, des hantises, des courants telluriques et tout le bordel. C’est pas que je sois réfractaire, mais on ne m’a jamais montré quoique ce soit de probant. Et même je suis sensible au sujet, mais lucide, aussi. Bref, j’avais été préparé parce que des récits de trucs étranges à Gorze, comme si c’était la Bouche de l’Enfer à l’instar de Sunnydale, j’en ai entendu des pelletées, aussi bien du côté catho que du côté païen, pour faire simple. Souvent les deux en même temps et c’est d’ailleurs intéressant. J’ai entendu des récits passionnants racontés par des gens convaincus de leurs expériences, et malgré mon scepticisme assumé je n’ai aucun jugement à porter. J’ai aussi constaté des pitreries sordides sur Youtube, avec un déballage de gadgets tous plus nuls les uns que les autres. Quand tu mates ces vidéos, d’ailleurs, t’as envie:

    1. Que si jamais les fantômes (pour résumer) existent, on leur foute un peu la paix. Grosse pensée à Barbara et Adam, et à leur copine mortelle Lydia, hein.
    2. Que si jamais les fantômes (pour résumer) existent, ils n’hésitent pas à coller des grosses mandales de gitan aux fâcheux sus-cités: chers esprits, arrêtez de vous laisser emmerder par des chasseurs (le bel atavisme) de fantômes en blouson Quechua, merde à la fin.

    Y’a une dame qui faisait son jardin qui nous a raconté ce jour-là d’autres histoires encore, les siennes, celles de ses connaissances, celles même racontées par les notables. Cette fois tout ça était teinté de christianisme gentiment dévoyé. Comme ça, entre la causerie sur les plantes de son jardin et le temps qu’il fait. Comme des évidences, c’est comme ça et c’est tout. Toute cette ambiance pèse sur le vallon, sur mon imagination aussi. J’aime être ici, je ne crois pas un mot de tout ça et j’ai envie d’y croire pourtant, et c’est ce qui fait que mon cerveau s’emballe et fabrique des histoires et c’est très bien comme ça.

    Les deux autres endroits en Lorraine où on m’a raconté beaucoup de trucs dans le genre, c’est Montmédy et le pays de Bitche. Bien sûr il y a plein d’histoires isolées un peu partout, mais je parle de concentration et de récurrence des récits, dans mon expérience personnelle. Mais… mais tu sais quoi? Je guette l’heure et je me dis que ce billet va se faire en plusieurs parties. Hein? T’en dis quoi? Rien je suppose. Allez, on fait comme ça.

  • Château-Voué, ne pas s’y perdre

    Je commence à fatiguer pour les titres. C’est la fin de l’abondance.

    Alors je te mets Château-Voué en titre, mais on ne va pas voir le village. Oh que non. On va voir la cambrousse autour du village. Je te fais une première série en noir & blanc et puis après on va foutre de la couleur.

    Alors bien sûr la saison compte. Mais ce que j’aime bien dans ce village, c’est partir sur le chemin du cimetière et poursuivre au-delà, sur cette crête morne et battue par le vent. Étonnant d’ailleurs qu’en septembre 14 le front ne se soit pas stabilisé ici, c’est un super endroit pour faire une guerre de tranchées. Bon après les militaires et l’esthétique hein. Voilà. On s’est compris.

    Et ce qui est rigolo, t’as beau y mettre de la couleur, ça reste morne et battu par le vent. C’est d’ailleurs un coin étonnant de la Moselle, perdu, presque oublié. Les villages sont minuscules; 93 habitants à Château-Voué et ce n’est pas mieux dans les villages voisins: 32 à Obreck, 21 à Sotzeling, 59 à Wuisse…

    Hop, couleur.

    J’aime bien ce côté mystérieux loin de tout. La forêt, même si elle n’est pas si étendue que ça, est très présente. En tous cas elle a une manière intense d’être présente. On est loin des autoroutes à randonneurs, les promeneurs y sont rares. On n’a pas envie de s’y perdre.

    Ah merde le billet est déjà terminé et j’ai pas de conclusion. C’est pas grave je vais

  • Des Gabonais-e-s à la salle Poirel

    J’ai tellement de photos en stock à foutre ici que là j’attends que l’explorateur Windows termine son bordel pour me mettre tout ça d’équerre. Après je choisirai le thème sur une base de scrolling hasardeux. Autant te dire que là tout de suite j’ai même pas la moindre idée du titre. Ah bah ça y est. Ah tiens dis. Le Chant sur la Lowé. D’accord. Bon je fais le titre.

    A Nancy entre autres trucs très chouettes y’a le festival international de chant choral. Moi au début le chant choral hein… en tant que sale mauviette punk qui s’assume même pas comme punk, bah tu vois, j’étais pas spécialement dans le délire.

    Et puis un jour, une mienne camarade que je salue ici me dit: Viens! Alors moi tu sais, Nomeny une ni deux je me pointe. Et voilà pas que sa formation à elle, les Hurteloups de Loisy, grâce leur soit rendue, accueille dans le cadre du festival une chorale d’ailleurs. Eh ouais. Pendant une semaine. Pis t’sais faut un photographe.

    Alors moi j’dis: un photographe d’accord mais euh…

    C’est ma meilleure réplique.

    Et là tu te dis: Le Chant sur la Lowé! C’est eux qu’ils ont accueilli! Cet ensemble choral gabonais! Je ne peux plus attendre de lire la suite du récit et tous les beaux échanges humains qui

    Non mais en fait c’est pas eux qu’ils ont reçu. C’est le Novosadski Kamerni Hor, le Chœur de Chambre de Novi Sad. Alors ouais les échanges machin tout ça. Mais définitivement, les gens de Novi Sad ne sont pas Gabonais, et les gens de Libreville ne sont pas Serbes. Définitivement. Alors quoi.

    Alors toutes ces chorales, groupes, ensembles, meutes, tu peux appeler ça comme tu veux, ils ont chanté salle Poirel. Oui, salle Poirel, la salle à l’acoustique aussi exceptionnelle que sa déco. La salle Poirel, comment dire… c’est un peu comme si tu faisais un strike mais euh… de salle de spectacle. Je veux dire c’est le max.

    La salle Poirel, tu penses des trucs dans ta tête, tout le monde l’entend: l’acoustique est une pure merveille. J’insiste. Alors reprenons mon nombril là où je l’ai laissé. Ah ouais. Dis, hé, j’étais photographe genre avec un truc autour du cou pis un machin avec des trucs marqués dessus comme quoi j’étais le photographe, je reste sérieux dans mes affaires. Grâce soit rendue aux Hurteloups hein. Une fois encore.

    C’est comme ça que je me suis retrouvé salle Poirel à faire des photos. On aura l’occasion de reparler de cette semaine magique. J’en garde un souvenir brillant. Exceptionnel. Le chant choral je me trompais. Et avec des gens comme le Chant sur la Lowé, qu’on voit dans ce billet, j’ai appris à quel point c’est émouvant, jusqu’à s’en retrouver l’œil marécageux, quand les gens chantent ensemble.

    Après je suis un peu con. Je le savais déjà. Quand tes poils se hérissent depuis le lycée à l’écoute de La Nuit de Walpurgis ou de la cantate «O haupt voll blut und wunden» de Mendelssohn, du Deutsches Requiem de Brahms ou de la Création de Haydn, tu le sais en fait. Les gens qui chantent ensemble, ça peut pétrifier sur place. Certains de ces chœurs font le même effet qu’un orchestre symphonique, dès la première note. Et même avec une certaine habitude de la chose: la chair de poule, une émotion à en chialer. Et les questions. Comment une espèce comme la nôtre peut faire cohabiter dans ses réalisations l’orchestre symphonique, l’ensemble choral, et d’autre part la guerre ou le viol? Par exemple… C’est à n’y rien comprendre. Mon cerveau ne peut pas accepter qu’il s’agisse de la même espèce. Tant de génie et de beauté et tant de méprisable cruauté. C’est bizarre. C’est vraiment bizarre. Je sais que ça n’existe pas en vrai, mais je ne peux m’empêcher de croire que si on joue Puccini sur un champ de bataille, eh bah la guerre s’arrête tout de suite.

    En attendant le Chant sur la Lowé, c’était beau, ça l’est toujours. De chouettes personnes, de chouettes moments, je m’en souviendrai toute ma vie sauf vers la fin à cause d’Alzheimer.

    Un autre coup je te causerai des Serbes du Novosadski Kamerni Hor, c’était très valable hein. Très. Et peut-être d’autres chœurs découverts cette fameuse semaine comme les Biélorusses du Salutaris Chamber Choir. Et définitivement merci aux Hurteloups de Loisy et à la mienne camarade pour m’avoir proposé de les suivre sur cette semaine. Ce fut un régal très fondateur pour moi.

  • Liverdun, cité du Prout

    Alors. Le titre. Verdun cité de la Paix. D’accord? Un billet sur Liverdun… mais ! mais! mais ! Mais y’a une fête médiévale à Liverdun! Et le Moyen-Âge, cette période si bien définie et tellement homogène, on le sait bien, c’est des âges sombres, obscurantistes. On croyait que les Égyptiens avaient des piles, on croyait que les noirs étaient des barbares, les chefs de la garde castagnaient tout le monde au moindre pas de travers, le roi faisait tout qu’est-ce qu’il voulait, si un homosexuel sarrasin voulait chanter on l’empêchait avant de le pendre par les pieds. On travaillait jusqu’à la mort, aussi, trop de fun. Pis surtout on était saaaaaale. On puait et on pétait à tout va. On PÉTAIT.

    Tu l’as?

    Liverdun cité du Prout.

    Bienvenue dans mon cerveau (aka la cité du Malaise).

    Et bon courage.

    Ces photos de la fête médiévale à Liverdun, c’était y’a des plombes. Je ne sais même pas si elle se fait encore, depuis la petite pandémie mondiale qui a traversé le paysage. Y’avait un monde, genre pour marcher devant toi valait mieux savoir escalader en dévers des êtres humains. En vrai «dévers» je sais pas exactement ce que ça veut dire mais je vérifierai après la publication parce que je trouve que ça fait bien dans la phrase et je veux pas être tenté de le retirer.

    Dans les fêtes médiévales, y’a plein d’artisans qui sont beaucoup plus virils que moi. Et que toi. Plus talentueux aussi. La plupart sont plus beaux. Mais attention, le risque est important qu’ils écoutent du folk, ce qui annule les qualités précédentes selon l’arrêté perso de Dadu du 23 août 2000 promulgué à Confolens, cité honnie de l’Enfer Folk. Peut-être certains artisans n’écoutent pas de folk, alors dans ce cas, ce sont à peine des humains et je ne peux que les vénérer, ils sont le Rémy des Ludwig Von 88, tu peux pas lutter.

    Parfois ils ont des animaux les gens des fêtes médiévales. Alors ceux fringués en grosses baltringues de nobles ont des chevaux, mais les autres ont par exemple des oies. Bah les oies ça fait super plus peur que les chevaux. Moi si on fait octogone cheval vs oie, je parie sur l’oie. Même si on fait Kaaris vs oie, je parie toujours oie. Si on y repense, c’est pas les chevaliers qui ont sauvé le Capitole, c’est ces grosses teignes d’oies sadiques, bornées et ultra-violentes. D’ailleurs je serais pas surpris que not’ ministre du Dedans menace de dissoudre les oies. Ça serait pas le truc le plus con qu’il aurait fait hein.

    Les plus complexants des artisans (complexifiants? complexogènes?) sont les forgerons. Ils ont des gros musc’ mais ils sourient, ils ont des outils de fils de Vulcain qui font chhrtftftr ping bang fruitrffrfrf voire wiiiiiz. Les gars c’est les plus gros bâtards de la Terre parce que non seulement ils te collent des complexes et tu les détestes et à la fois t’as trop envie de passer la nuit avec, quelle que soit ton orientation sexuelle. Ils ont des poils et de la sueur qui sont jolis. C’est un scandale. J’en appelle à notre ministre des entrailles. Dissolvez donc, brave nabot! Même si avec une de leurs mandales vous pourriez finir sur l’ISS. Tel le Gilbert de Clerc de Mansfield TYA, cher petit Gérald, trouvez une bataille au mieux.

    Parfois les gens des fêtes médiévales ils ont carrément des oiseaux. Les oies c’est pas des oiseaux c’est des machines à tuer et à traumatiser les enfants (ça n’a bien sûr rien à voir avec ma propre histoire). Nan tu sais ils ont des oiseaux genre. genre pas des perruches quoi. Des trucs ça te regarde tu dis «oui maître» en baissant la tête, en mangeant des mouches et écoutant sa voix dans ton cerveau prendre le contrôle de ton esprit. Ah ah c’est le Moyen-Âge hein. C’est sombre on t’a dit. Aussi si t’écoute rien hein faut pas t’étonner de finir possédé par l’diab’ au fond d’un asile.

    Bon parfois le Moyen-Âge ça va, mais sans Alain Afflelou ça serait plus relou. Alors hein, c’est pas de la pub, j’ai jamais rien acheté chez Alain, et si ça se trouve c’est un sale type. Qu’est-ce que j’en sais? Après tout si Picasso était un sale type, l’Alain peut bien être la pire turpitude de la couille à Hermès. Franchement.

    Bon alors dans les fêtes médiévales ça c’est obligé. Fallait pas s’attendre à un remix de Cure par Vitalic hein. La meilleure solution c’est boire beaucoup. En étant suffisamment ivre ça peut passer pour un morceau mineur de Barbatuques. Après faut déjà être bien attaqué hein. Ceci dit sur une fête médiévale y’a généralement de quoi faire le job.

    Moi je veux voir une charge chevaliers nobliaux contre les prolos traîtres de la Brav-M. Pis si ils peuvent tous crever dans la mêlée, je veux bien venir et sans cacher ma joie hurler du haut du tas de corps brisés: «Match nul».

    Parce que moi je veux bien être gentil mais quand les nobles ont des canassons qui sont mieux habillés que nous, moi je dis ça sent l’Rustaud qui va gravir des cols.

    Après quand c’est chromé voilà. Moi aussi j’ai la culture du Saulnois, je comprends ces choses-là. C’est chromé c’est chromé. Y’a pas à discuter. Allez, d’accooooooord les nobliaux. Vous maîtrisez le style. Notez que ça donne envie de vous piller du coup.

    Je sais pas qui c’est le relou anachronique qui s’amuse à coller depuis tout-à-l’heure du rapport de classes partout comme si il avait des trucs à compenser. Comme si il avait un complexe de classe au final… comme si il ne venait pas d’une vraie famille ouvrière. Je me demande si…

    LOL C’EST MOI

    Bon. Toutes mes sottises mises à part, c’était une chouette fête médiévale la fête de Liverdun, malgré son affluence scandaleuse. Je me demande vraiment si elle existe encore. Je ne suis qu’à quelques clics de cette info, mais il me semble bien plus intéressant de ne pas savoir pour écrire. Et puis le lieu. Quand j’entends dans les manifs des gens brailler: «Tout-le monde-détesteuh la police», j’ai envie de répondre: « Certes et bien entendu, mais tout le monde aime Liverdun, d’autre part». Et ça l’ultragauche (marque déposée par le petit Gérald, le Sarkozy du pauvre) ne pourra pas nous l’enlever. Liverdun c’est la porte de Nancy depuis le train de Paris. C’est cette blancheur perchée sur sa colline, qui fera dire au voyageur: «Ah bah dis hé, y’a un château t’as vu?». Bon alors c’est sûr que si le voyageur vient de se faire les Châteaux de la Loire il va juste rien dire et baver à la fenêtre comme tous les crétins blasés du monde. Mais n’empêche que Liverdun, c’est beau. Et c’est tout.

    Et si t’es pas d’accord, tu vas te prendre une charge de nobles consanguins en armure mon gars… prie pour ton TGV, quoi.

    Tiens, octogone TGV vs charge de chevaliers, je me demande si…

    Enfin bon, moi je parie sur les oies par défaut de toute façon.

  • Nomeny oui ni non

    Alors. D’abord on peut débriefer le titre. Je… euh… je peux me cacher derrière une hypothétique démarche artistique par exemple. Ça dirait comme ça que d’abord c’est un hommage à Raymond Aron. Ah. Quand tu mets Raymond Aron dans une phrase tout de suite hein ça fait moins les malins. En vrai je suis dans le Fernand Braudel Crew mais bon. L’opportunisme c’est bien pratique. Et c’est pas incompatible en plus.

    Bon bah voilà, un bon debrief, on a bien avancé. On peut faire une pause smoothie.Et puis mettre des images histoire de dissiper le malaise lié à cette introduction.

    Nomeny on a dit. Pour moi Nomeny ça a longtemps été un nom sur un panneau. Quand j’étais mioche, j’allais avec mon grand-père souvent dans sa cahute à Sivry, en partant de Nancy. Et sur la route, tu vois le panneau Nomeny. Je sais pas pourquoi ce nom retenait mon attention. Je ne peux pas t’expliquer, mais Nomeny, ça sonnait mieux que Jeandelaincourt ou Ajoncourt tu vois. Ajoncourt. Qui veut vraiment aller à Ajoncourt? Si on est honnête deux minutes. Alors que Nomeny, ah… tu tournes le nom dans ta tête et déjà y’a des jeux de mot qui apparaissent. Et un peu plus distingués qu’avec Ajoncourt. Ça fait son chemin et pouf, Nomeny se positionne en outsider dans ton paysage mental. Ni une, voire ni deux. Nomeny une ni deux.

    Ah mince. Le malaise. Vite, une photo.

    Nomeny tu vois c’est une architecture assez particulière. Pourquoi? La première fois que j’ai été à Nomeny, je le savais déjà car grâce à l’instruction, j’avais appris que Nomeny avait été victime d’une Première Guerre Mondiale en goguette et ça c’est vraiment pas de chance. Et cette Première Guerre Mondiale, on va l’appeler Yvette pour simplifier, elle a eu l’indélicatesse de s’acharner un peu. Yvette, par le truchement d’officiers allemands un peu fébriles, a provoqué fin août 1914 l’incendie de la localité, le déplacement et la fusillade de certains habitants.

    La blague d’Yvette trouve ici ses limites, parce que voilà ce que fait la guerre. Elle massacre des gens. Assez simplement. Juste, faut le dire. Comme à Gerbéviller. Comme à Mỹ Lai. Comme à Bouchta. Comme dans ces milliers de patelins sur lesquels elle s’est abattue. C’est pas pour faire ma miss France, mais la guerre, hein… Va bien manger tes grands morts, Edouard Detaille… la guerre c’est pas le rêve (même si esthétiquement il est badass ton tableau, j’avoue).

    Donc oui. Nomeny a une architecture de la Première Reconstruction, qui dans la région est à mon avis extrêmement charmante. On la voit ici, mais on la voit aussi massivement en Meuse avec de bien belles choses. On lira à ce sujet avec avantage l’ouvrage collectif suivant: Les reconstructions des années 1920 et 1950 en Lorraine: un renouveau architectural et urbain, édité avec le soutien vénérable de la Gazette Lorraine. J’ai pas d’autres références, c’est mon côté baltringue.

    J’aime bien les formats portraits, ils apparaissent en tout grand et tout, c’est trop bien. le jour où j’ai été faire ces photos, qui sont plus que moyennes, je faisais un passage rapide à Nomeny. Je sortais d’une journée éprouvante et j’avais envie de fuir un coup, vite fait, tranquille. Je savais pas trop où aller alors j’ai été à Nomeny. Pas à Ajoncourt.

    Ça m’a fait du bien. C’est joli Nomeny. Plus pentu que je ne l’aurais pensé. J’ai adoré cette architecture évoquée ci-dessus. Elle a, surtout à Nomeny, quelque chose de désuet et c’est sympathique. Comme si déjà, dans les années 20, cette incarnation de la IIIe République en faisait beaucoup trop. Comme si l’idéal, quoiqu’il vaille, fanait déjà. Quand un régime se met trop en scène, tout tendu comme une crampe, c’est le début de la fin, je me dis souvent. C’est ce que je retrouve ici. Cette vision joliment provinciale, cette ambiance si parfaitement républicaine, on se croirait dans un tour de France fait par deux enfants, au hasard. Et le fossoyeur de tout ça, qui pourtant en utilisa bien des motifs, n’était qu’à deux décennies de fonder l’éphémère régime de Vichy. Ça sentait déjà fort le sapin.

    é sa fé réfléchire, comme dit le Philosophe sur Cnews.

    Bon euh… allez encore une petite photo et moi j’y vais, j’ai des trucs à faire comme rien faire par exemple.

    La prochaine fois on va où?

    Bah moi je trouve risqué de poser la question comme ça, vu comme l’auteur de ces lignes peut parfois confondre espièglerie et vulgarité…

  • Old School HDL

    Ahah le titre me fait penser à ce vieux System of a Down, «Old school Hollywood».

    Nancy. Le HDL. Le Haut-du-Lièvre. Un des quartiers célèbres de Nancy pour leur réputation célèbre (cette phrase est sacrée meilleure phrase de ce billet). Pendant longtemps j’y connaissais pas grand chose au HDL, j’allais parfois y faire de la musique le soir et puis voilà. Ça se passait toujours bien même si y’avait des gens chelous. En vrai des gens chelous ça fait une impression mais ça fait rien d’autre. Finalement dans des quartiers plus privilégiés on se croise dans la rue sans se regarder ni se dire bonjour et ça aussi c’est chelou. Cette série de photos est déjà ancienne. Le quartier a énormément changé depuis. A l’époque j’habitais dans la partie éclatée du Faubourg des III Maisons et j’étais monté au marché du Haut-du-Lièvre à pinces parce que la santé tout ça.

    J’ai pas trouvé grand chose qui m’intéresse d’ailleurs ce jour-là alors j’ai un peu raoué. Je savais pas que quelques années plus tard ce quartier deviendrait un lieu habituel pour moi, que j’en connaîtrais les immeubles, les appartements, les recoins, les commissariats, les locaux associatifs, la piscine, les foyers d’hébergement et toutes ces sortes de choses. Que j’y serais à l’aise, sauf la fois où un mec m’a suivi de nuit sur 500 mètres en m’insultant sans jamais trop s’approcher cependant. Mais sans s’éloigner non plus. Bon, ça m’empêche pas de m’y sentir toujours à l’aise. Un fois sur toutes les fois ça fait pas beaucoup. J’ai été une seule fois à Pise dans ma vie, je me suis retrouvé avec un couteau pointé sur le ventre et délesté de cinquante balles. Donc bon. Je suis mieux au HDL.

    Le paysage est brutal dans ce quartier, surtout à l’époque. Plusieurs immeubles sont tombés depuis, des morceaux de ses célèbres barres, le Cèdre Bleu et le Tilleul Argenté, sont devenus poussière. Et ça va encore s’accélérer dans les mois à venir. Ce jour-là, j’étais entre les immeubles et ça foutait un peu le vertige toute cette verticalité. Mais j’aime ça. Je ne suis pas sûr que les choix soient judicieux, je ne sais pas si c’était bien de construire ces quartiers, mais qu’importe, ils sont là et j’aime y faire des photos. Aujourd’hui, en 2023, je l’ai assez fréquenté pour ne plus trop voir cette verticalité car j’ai appris sa lumière. Ses heures. A quelle heure à quelle saison la lumière tombe comme-ci, comme-ça. Il y a des heures, des endroits où j’aime être, précisément. Quand je peux, j’essaye de filer au bon endroit au bon moment. Quand le soleil d’hiver, vers l’heure du goûter, en pleine détresse, en plein plongeon, vient lécher les façades, sournois, hypocrite, avec ses rayons en biais. Quand midi tombe soudain sur la rue le long de la clinique et de la maternité et qu’une averse s’achève. Quand l’angle du soleil, en été, vient heurter le quartier, et qu’apparaissent des ombres tranchantes sur les murs des passages sous les immeubles.

    Enfin je te dis ça et puis je te fous des photos en noir et blanc qui datent de la jeunesse de Michel Drucker, un jour sans teint. En même temps, la grisaille uniforme, c’est beau. Et puis ça me donne l’occasion de causer du quartier tiens. Il se passe plein de trucs chauds quand même là-haut. Tout de suite, on pense délinquance, trafics et tout ça. Les vrais trucs chauds, c’est la précarité, c’est le sort des « mineurs isolés », c’est quand même de la belle détresse.

    Mais c’est qu’à côté de ça il se passe plein de trucs chouettes. Des histoires de solidarités entre voisins. Des jeunes qui sourient. Les lumières du soir. Les langues qui flottent dans l’air. Ce long échange entre des jeunes qui racontent leur village au Bénin, et cette gamine qui raconte en retour sa vie à Beyrouth et les silos volatiles.

    C’est cette maman qui élève huit enfants avec un courage incroyable et qui, un jour où elle peignait une toile avec un peintre du coin, dit soudain, à l’issue d’un soupir sans fin dur à interpréter: « Eh bien… je crois que ça fait au moins quinze ans que je m’étais pas mise assise pour faire quelque chose pour moi. Je ne savais pas que j’aimais peindre! »

    C’est ce petit groupe de gamins qui comme tous les gamins du monde ont fait une cabane dans les arbres au bord du quartier, et qui posent devant comme des héros de western, c’est des voix dans la nuit autour d’une table et d’une lumière rouge, dans une toute petite pièce, c’est cette ado insupportable et classée comme « perdue » par trop de gens qui ne veut plus décoller d’un piano et joue et joue encore.

    En même temps le quartier tu sais il est comme tous les autres. Il est soumis à des lois statistiques. Quand tu vois la densité de population, forcément ça augmente d’autant plus la possibilité de tomber sur de chouettes personnes. On s’y attache. Je me souviens de la véritable détresse d’un jeune de vingt ans quand il a appris que son bout d’immeuble allait être détruit et qu’il serait relogé dans un endroit plus cool. Lui, il était là, les yeux rouges, à répéter: « mais comment je vais faire ailleurs? Je veux pas partir! Comment je vais faire? ».

    Il ne lui manque rien à ce quartier… enfin, peut-être un peu moins de tiraillements ethniques et religieux et un peu plus de conscience de classe. Histoire de foutre un peu le bordel pour de bonnes raisons.

    Je me souviens de ces gamines du quartier qui se demandaient à quoi ressemblerait leur immeuble idéal. Dedans il y a avait leur école, une bibliothèque, une salle de jeux, une supérette, une crèche, une salle de repos pour les mamans. Et une piscine sur le toit!

    L’une d’elles, pensive, compléta: « enfin faudrait pas non plus que tout ce qu’il nous faut soit dans l’immeuble sinon on n’en sortirait plus jamais ».

    Précisément, jeune fille. Précisément. Ton quartier est beau. Que ce soit le HDL ou les hauts de Dommartemont. Que ce soit un lotissement à Pulnoy ou la Vieille Ville. Ton quartier il est beau. Mais c’est pas une raison pour ne pas en sortir. Et puis d’abord si tu vas pas voir ailleurs, tu ne connaîtras jamais la valeur de ton petit Lyré.

    Big up, Joachim du B., j’te kiffe (t’es de la famille à Cardi B. ou quoi?).

    Allez, suis-moi. On quitte le HDL et on va voir ailleurs si on y est. Où tu veux aller tu dis? A Longwy? Ah non pas encore ça fait chier. Viens, on va dans un village pour changer. Oui. Ou pas. Bon, ta gueule, prends tes pieds et on y va.

  • Faut arrêter avec Toul

    Non ouais. Faut arrêter avec Toul. Toul les boules et tout ça. Dans quelques articles je te dirai le contraire, avec des photos du Toul crado, c’est tout l’art d’être un con. Tu ne m’ôteras pas ça, ô funeste lecteur. Lectrice. Je sais pas. Je sais plus. Putain, il nous faut du neutre, décidément. C’est fou d’avoir une langue aussi riche et complexe et d’avoir pas été foutus de gérer ce problème.

    Revenons au sujet. Parce que y’a la cathédrale Saint-Étienne à Toul. Et tu vois l’A31? Si tu vois. Tu pars de Nancy, tu roules vers Paris, vers Dijon, vers un retrait de permis, que sais-je encore. Mais ce qui est sûr, c’est que tu vas croiser Toul. Ou pas loin. L’autoroute va frôler Toul en réalité, par Dommartin, par Valcourt, l’autoroute va se dire: merde, je suis moche à crever, et là, on voit deux tours de cathédrale qui dépassent. Si si, juste là à droite. J’ose pas. Alors l’autoroute se courbe et défonce des coins de campagne au bout de Dommmartin, par timidité. Ce qui est gentil quoiqu’un peu bizarre, parce que les autoroutes sont faites pour piétiner des villes, depuis le début. Depuis les premières agglomérations en Anatolie et autres points hype du globe, c’était le plan. Mais bon. Pas là.

    Ça t’a pas échappé qu’il y avait deux tours qui dépassaient hein? Eh oui. La cathédrale Saint-Étienne. Elle est beeeeeelle avec son cloître et tout. Tu sors de l’autoroute (c’est pas fictif, c’est un ordre) et tu vas dans Toul guetter la cathédrale. Moi la première fois que je l’ai rencontrée, je pense que c’était en CM2. On allait ou on revenait de la visite de la Maison de la Polyculture à Lucey (lieu de visite pas mal chiant quand t’es en CM2 et à la fin des années 80). Dans tous les cas, je me suis retrouvé la face en l’air à téma la façade. C’était tellement imposant, beau, chouette, tout ça. Je me souviens que ça m’a plu, immédiatement. Mon imagination a hurlé: «Vos gueules tout le monde, code rouge! code rouge! alimentation majeure de fantasmes!». Mon imagination savait que je finirais rôliste. Enfin voilà, ça m’a plu. A tel point que le blondinet de 10 piges que j’étais s’est retrouvé moins de dix ans plus tard sur un banc de fac à se palucher sur l’architecture religieuse avec en main «La Lorraine Gothique» de Marie-Claire Burnand.

    Et sans surprise: on la reverra ici assez souvent la cathédrale Saint-Étienne de Toul. Elle a bien mérité du blog. Brave fille. C’est la cathédrale à son pépère? Hein? Ouiiiiii! C’est la cathédrale à son pépère ça hein? Oh oui c’est la cathédralounette. Viens! Viens sur les genoux!

    Pardon. Bravo. Merci.

  • Longwy/Congo: la base

    Une fois comme ça j’allais en formation à Briey, et comme Briey c’est chiant, tous les experts sont formels à ce sujet, j’ai pris ma voiture et j’ai été voir Longwy. En fin de journée après la formation. J’avais besoin de changer d’air, parce que le formateur était vachement bien mais le sujet était vachement con (le combo tombait bien en un sens). Bon, moi je prends mon Jolly Jumpy et me v’là barré. On me parle de Longwy depuis que je suis petit, sur tous les modes: c’est horrible c’est génial c’est mort c’est vivant c’est facho c’est solidaire c’est l’enfer c’est beau c’est touchant c’est nul. On dirait que je suis le seul à ne pas savoir des trucs sur Longwy. Alors j’y vais. Et puis en plus j’ai rencontré ces dernières années des gens de Longwy qui sont super chouettes. Je sais pas si ils font exprès mais c’est scandaleux d’être chouette comme ça. Les gens de Briey je sais pas ce qu’ils valent, on dirait que personne ne vient de Briey. Bon, bref, j’étais à Longwy et paf, en fait c’est compliqué Longwy, le haut, le bas, les côtés, les coteaux, au-dessus sur le viaduc, en-dessous dans les mines… mais quel bordel, y’a du Longwy à tous les étages. Alors j’ai voulu me promener parce que ça m’inspirait bien tout ça. Bah Longwy tu sais quoi? Faut des jambes pour se promener à Longwy. Longwy c’est pas la plaine d’Alsace tu vois. Comme j’avais pas beaucoup de temps, même si j’ai des jambes, j’ai juste fait quelques photos comme ça. Mais j’y suis retourné par la suite. Et j’ai envie d’y retourner encore un peu. Ça a l’air pas mal, Longwy.

  • Wesh les gros-ses

    C’est rigolo d’adapter une telle phrase aux nécessaires standards à inventer pour qu’ils ne soient pas moches des années 2010-2020. Souvent quand j’écris bah je suis super embêté par cette absence de neutre, ce genre balek qui nous manque cruellement. Je m’en rends compte, tellement la primauté du masculin casse un peu les couilles (oui, j’écris de ma position de mec blanc cis même si dès fois y’a des gars qui ont des cous sexy)(je mets au défi n’importe lequel de mes congénères hétéros de n’avoir jamais eu un petit frémissement devant la nuque délicate d’un autre gars)(Aaaaaaah mais au premier post j’arrive déjà à digresser).

    Alors voilà. Passé cet incipit laborieux, je voulais vous dire que c’est une nouvelle mouture de Un Dimanche en Lorraine, un peu provisoire parce que je galère avec WordPress, mais sans rire, ça va venir.

    Un Dimanche en Lorraine d’abord. Si j’essaye de structurer ma pensée malgré les oiseaux qui braillent dehors, malgré plusieurs fulgurances mortes-nées qui traversent mon esprit, malgré 58 notifs des réseaux sociaux, et en dépit de ce joli motif de poussière derrière mon ordi, c’est un blog, hein, parce que pour écrire des trucs j’ai pas encore trouvé mieux. Des trucs avec des images.

    La Lorraine. Aaaaaaah. la Lorraine. Ah. Bon. J’ai quatre siècles d’ascendants lorrains. Côté maternel comme paternel. C’est pas de la merde hein? Bah si. Mon patrimoine génétique doit craindre à mort. Bon. Sinon. Suis-je fier? Non. Être fier de sa terre, qui ne t’appartient pas, être fier de sa province, de son duché, de son pays, de son cul sur la commode, c’est pas mal con, dans l’ensemble. Puisque t’as rien choisi. Je pourrais être né bactérie sur une exoplanète. La destinée c’est de la merde, la réincarnation aussi, le patriotisme n’en parlons pas. Donc, non, je ne suis pas fier. Suis-je content? Oui! Ah bah ça oui. Ah bah putain tu m’étonne. Il se trouve que la Lorraine n’y est pour rien initialement, mais mon histoire familiale et individuelle (pointons volontiers les limites de la famille) fait que j’ai eu l’occasion de connaître ma ville, Nancy, et sa région, la Lorraine. Des les aimer profondément, d’une tripe à l’autre. Sous plein d’aspects. Mais tu sais, plein. Pas deux. Plein. De son patrimoine militaire à son histoire pacifiste, de ses mouvements snob à son histoire ouvrière, de Charles IV, le premier punk de l’histoire, à Stanislas, le gars obèse content de lui (le premier sénateur de l’histoire?). En passant par surtout par les infinités de petites mains et de petites gens qui font notre région. Du Dédé au fond du Toulois qui de génération en génération coupe son raisin et fait son vin juste pour lui et les copains à la Denisa arrivée de Roumanie en 2014 dans une caravane sans fenêtres, migrée dans un appart’ pour apporter une vie meilleure à ses gosses et ça marche pas toujours malgré ses efforts mais ça marche quand même un peu. Tout ça, c’est les Lorrains, les Lorraines et la Lorraine. Tout ça et tout ce qu’il y a entre les deux. Donc je ne suis pas fier, je suis amoureux, passionné, attaché. C’est pas pareil que fier. J’aime la Lorraine, et pour cette raison, j’ai envie de garder un pied dans la porte quand les régionalistes obtus veulent la fermer, parce que c’est autant chez moi que chez eux, et chez moi tu bienvenu-e. J’aime ma région, je lui fais confiance, je n’ai peur de rien avec elle: alors bienvenue à toi, pour trois mois ou pour 100 000 ans. Quelle que soit ton origine, ta langue, ton orientation sexuelle, tes idées, même celles que je conchie. Mais dans ce cas on va causer. Les gens c’est ma chouette malédiction. Je ne peux pas les voir en peinture: essaye de m’intégrer à un groupe, je te bats le record du 800000 mètres pour fuir. Essaye de me séparer d’eux, je te casse la mâchoire à coups de cric tellement j’ai besoin d’eux et tellement, à vrai dire, je les aime. Les gens.

    Pour l’histoire de te casser la mâchoire à coups de cric, pas impossible que je me luxe une épaule rien qu’en le soulevant. T’es tranquille.

    Y’a pas souvent de gens sur mes photos parce que:

    1/ J’ai peur de prendre les gens en photo

    2/ Je veux pas faire chier les gens

    3/ Les gens ils ont le droit, vu le développement des réseaux sociaux, de m’envoyer me faire foutre (alors j’anticipe)

    4/ Mais quand même j’ai envie alors ça va dépendre

    Mon modèle c’est «Les Pieds sur Terre» sur France Culture. Tu dois aller écouter ça tout de suite. Juste des gens qui causent. Toutes sortes de gens. Des que je trouve chouettes, des que je trouve cons, des qui m’émeuvent, des qui me font rire, des que j’ai envie de taper. Et c’est génial. je connais peu d’endroits aussi incroyables que cette émission de reportages pour parler, prendre la parole et ne pas être jugé.

    J’ai tapé quelques interviews à droite à gauche, portraits de Lorrainn-e-s, très attachés à la région comme moi, ou non. Je tenterai d’en faire la relation. Sinon ça parlera beaucoup de Nancy, bien sûr de la Lorraine. parfois je ferai des escapades chères à mon cœur: La Haute-Normandie, un peu de baie de Somme conséquente, un zeste de Vézelois, des Balkans plein, et puis des endroits un peu à la vas-y comme j’te pousse.

    Donc bah bienvenue. Incompétence, procrastination et délais techniques pourront différer le premier vrai billet avec des photos. Sois-en conscient-e.

    Et surtout fais pas chier.